Le journal scolaire est à la mesure d'une éducation qui par la vie prépare la vie

Le journal scolaire ne peut pas se limiter à l’utilité scolastique de l’école : apprendre à lire, écrire, compter et qui plus est conjuguer, étudier la grammaire, etc. Le journal scolaire oblige les enfants à des apprentissages plus nombreux et plus faciles à mettre en place parce que leur motivation s’est trouvée modifiée. A travers les nécessités de la communication, de la gestion du journal scolaire, l’enfant n’apprend plus à écrire pour écrire, mais pour se faire comprendre par les lecteurs. L’écriture devra devenir de plus en plus précise si nous voulons qu’il y ait réelle communication. Il faudra donc parfois écrire un certain nombre de fois les textes pour obtenir leur contenu définitif. Il est évident, à partir de là, que le besoin de se faire comprendre déclenchera la nécessité de maîtriser mieux tel aspect de la langue ou telle difficulté mathématique, il déclenchera aussi la nécessité d’aller vérifier les informations puisées à la source en consultant des documents.

Mais, outre l’élaboration de son contenu, la fabrication matérielle du journal, sa gestion, sa diffusion dans lesquelles, suivant leur âge, l’adulte veillera à laisser aux enfants une part active de plus en plus importante, posent de vrais problèmes. Pour les résoudre il faudra encore écrire mais aussi compter, calculer, aborder l’économie, la technologie, la géographie, travailler de ses mains… Les apprentissages se déroulent pendant chaque phase de la réalisation du journal et non pas en amont. Le journal scolaire est un des outils d’une pédagogie de la réussite. Le journal scolaire est le prototype de ce travail nouveau. Pour le mener à bien, l’enfant n’a plus besoin du stimulant des notes, du gain matériel ou de l’attrait du jeu. L’entreprise du journal se suffit parce qu’elle porte en elle-même les vertus majeures de l’éducation moderne. L’échec est, dans tous les domaines, destructeur des personnalités. Chez l’enfant il est toujours à la base de tares graves, depuis l’hésitation jusqu’au bégaiement et à l’anorexie physiologique et mentale.

Réalisez un beau journal. Organisez-vous techniquement pour qu’il soit, sans graves risques, la réussite dont vous vous honorerez. Vous vous habituerez peu à peu à mettre l’accent dans votre classe et dans votre vie, sur les succès qui donnent espoir et allant. Vous remiserez progressivement dans l’attirail des procédés désuets les exercices, les devoirs, les sanctions, les épreuves qui ne sont qu’une technique de l’échec.

Freinet

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