Au bord du fleuve Casamance, la ville de Ziguinchor est fondée au XVIIe siècle par des Portugais qui en ont fait un comptoir commercial qui va prospérer à travers toute la période coloniale. Pendant trois siècles, la ville a connu les présences successives des Portugais, des Anglais et des Français. La lente et difficile colonisation de la Casamance en général a certainement été à l’origine de la présence limitée des colonies occidentales. Car c’est au milieu du XXe siècle que les Français, après avoir réduit les dernières poches de résistances en Basse Casamance, vont accroître leur présence surtout sur le plan économique. Par contre, des localités comme Carabane (une île située à l’embouchure du fleuve Casamance) à l’ouest et Sédhiou à l’est en moyenne Casamance étaient déjà considérées comme des villes capitales où le commerce était prospère. Ziguinchor va progressivement les supplanter et devenir d’ailleurs la capitale administrative de la Casamance en 1904 grâce à l’activisme d’un homme qui a joué un rôle déterminant dans la présence française en Basse Casamance, le Commandant Pinet Laprade.
Portugais, Anglais puis Français
Vers 1457, envoyé par Henri le Navigateur (1394 – 1460) Prince du Portugal (qui impulsa un mouvement de découverte et d’exploration des côtes de l’Afrique au XVe siècle), le navigateur vénitien Alviso Cá da Mosto (1432 – 1488) remonte le cours de la Casamance et établit un comptoir portugais à Ziguinchor. En 1861 les Français, sous le commandement d’Emile Pinet-Laprade, renforcent leur présence en Casamance, alors appelée Rivières du Sud, qui est rattachée à la Colonie Française depuis le décret du 18 février 1859. En 1886 la ville jusque-là portugaise leur est cédée. Les Français poussent les Portugais vers la Guinée et les Anglais vers la Gambie puis s’installent à Ziguinchor en 1888 après la signature d’une convention avec le Portugal, qui fixe aussi les frontières avec la Guinée Portugaise (Guinée Bissau). En 1889, les Français signent avec les Britanniques un traité qui délimite les frontières entre la Gambie et la Casamance. Ils deviennent alors les seuls maîtres de la ville et de la région jusqu’à l’indépendance du Sénégal en 1960. Quartier Escale ZiguinchorA l’indépendance Ziguinchor demeure la capitale administrative et bien sûr économique de la région de Casamance et, depuis 1984, lorsqu’elle a été divisée en deux la capitale de la région administrative de Ziguinchor. Aujourd’hui Ziguinchor est la plus importante ville de Casamance, par sa population (130.000 habitants) et par son rôle de pôle économique. Ziguinchor est le principal point d’accès à la Casamance grâce à son aéroport et son port desservis par des allers-retours Dakar-Ziguinchor.
Des drames successifs
La ville de Ziguinchor, pendant ces vingt dernières années a été handicapée par la crise qui frappe la région en général. Depuis décembre 1982, la lutte armée engagée par larébellion du MFDC (Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance) contre l’Etat du Sénégal a grandement déstructuré le développement socio-économique de la ville à l’instar de la région tout entière Les populations fuyant les zones de conflit se sont installées dans la ville, créantune « bidonvilisation » accrue. Les écoles sont submergées (effectifs pléthoriques malgré l’ouverture de nombreux établissements scolaires (primaires, moyens et secondaires). Place des Naufragés du Bateau Le Naufrage Le 26 septembre 2002, le Sénégal et Ziguinchor en particulier se sont réveillés avec la plus grande catastrophe maritime de tous les temps. Le Joola, qui assurait la liaison maritime entre Ziguinchor et Dakar, venait de sombrer au large de la Gambie. Ce naufrage fit plus de victimes que Le Titanic au début du XXe siècle car officiellement il y a eu 1.863 morts et seulement 64 rescapés. De nombreux jeunes étudiants et élèves étaient du nombre de victimes : une génération perdue !
Toujours de l’espoir
L’Etat a entrepris la réalisation de nombreux projets : leport a été reconstruit, avec son quai de 350 mètres réhabilité de même qu’une gare maritime moderne. Au centre de la ville dans le quartier de Boucotte, le grand marché St-Maur-des-Fossés nouvellement reconstruit à la suite d’un incendie, est le principal centre de commerce. Sur le plan de l’éducation, on peut se réjouir de l’ouverture d’un nouveau Lycée baptisé Oumar Lamine Badji, du nom de l’ancien président du Conseil Régional assassiné en décembre 2006. En outre, le Centre Universitaire Régional de Ziguinchor a ouvert ses portes cette année ; un avantage certain pour les bacheliers de la ville et de la région qui souffrent souvent de la précarité des conditions de vie à Dakar ou Saint-Louis. Sur le plan de la culture, l’Alliance Franco-sénégalaise, fleuron architectural inspiré de la case à impluvium diola, offre une bibliothèque bien fournie et, périodiquement, des expositions et spectacles de tous genres. Le centre Culturel Régional situé sur le boulevard des 54 mètres est également un lieu de culture .