Le Lycée Djignabo qui étrenne sa cinquantième année cette rentrée 2007 / 2008 en a vu des hommes et des femmes (enseignants, administratifs et personnels d’encadrement), des jeunes adolescents sortant d’écoles primaires ou de collèges – « têtes-aux-vastes-desseins ». Ceux-là ont écrit jusque-là les pages de l’histoire de « Djignabo » ou « LDZ » comme on aime l’appeler. A cinquante ans donc, Djignabo connaît certainement toutes les réponses à sa propre histoire et même l’histoire de l’Ecole en Casamance en général. Cependant, l’ayant observé depuis quelques années, il me semble que le « Djignabo » n’a pas la réponse à son vieillissement : cinquante ans d’une vie, c’est certainement un âge de maturité mais sûrement pas de décrépitude…
Le poids des ans ! La maladie du temps « rongeur, envieuse vieillesse qui détruit tout !» (Ovide) a fini d’attacher des rides sur le visage de Djignabo mais également sur son esprit (sic). En effet, si pour votre jogging matinal, vous décidez de faire quelques tours dans l’enceinte (suffisamment vaste) de l’établissement, attendez que les premiers rayons du soleil vous éclairent votre piste, il y a des risques réels de fâcheux faux pas. L’érosion pluviale a transformé Djignabo ; et l’environnement du lycée n’a, à certains endroits, rien à envier aux pistes empruntées par les gnous et autres éléphants dans les parcs de Tanzanie. Des habitants du quartier Château-d’eau ont cassé le mûr à divers endroits pour que l’eau de ruissellement puisse passer par le lycée pour sortir sur l’avenue Djignabo. Conséquence : des ravins à cacher tout un troupeau de buffles !!! Les bâtiments résistent encore à la furie de cette érosion. Jusqu’à quand ? Une élève à qui j’avais demandé en cours de poésie de donner un exemple exagération a eu la réponse dans une inspiration soudaine : « Si nous ne faisons rien contre l’érosion, nous trouverons nos bâtiments dans la rue, emportés par l’eau de pluie… » Je ne pouvais avoir de meilleure exemple. Cette érosion a mis à rude épreuve les aires de jeu au grand dam des professeurs d’Education physique : de grands ravins au milieu des terrains de foot (le terrain Est n’est plus praticable).
D’autre part, les bâtiments de Djignabo souffrent de la vieille couche de peinture qui depuis sa construction en 1957 lui colle à la peau… au mur. Les murs, de l’extérieur comme de l’intérieur, ont du mal à faire apparaître leur couche de peinture originelle en raison des tags et autres graffiti. Les plafonds sont dans un état de délabrement avancé et constituent un réel danger pour les occupants élèves et professeurs. Les fenêtres et les portes dans leur état actuel, à quoi servent-elles ? Il n’est pas rare en plein cours d’être interrompu par la visite insolite d’une chèvre ou brebis à la recherche de l’eau dans les seaux d’eau servant à effacer les tableaux. Il nous arrive encore d’être divertis par le spectacle d’une meute de cochons à la recherche de point d’eau. Mais ce qui divertit le plus c’est cette voie de passage (cette route ouverte) au milieu du lycée. De fait, les deux portes Est (vers le quartier Château-d’eau) et Ouest (la porte principale) constituent la voie de passage pour les habitants qui voient par là un palliatif à l’enclavement de leur quartier. Ainsi de votre classe, vous ne pouvez vous empêcher d’entendre les femmes, à l’aller comme au retour, dévidant sur la « cherté du marché », médisant sur les « traîtres coépouses ou voisines » ; et les scoops sur quelques secrets d’alcôve ne sont pas rares… Quelle que soit l’importance du cours, quel groupe-classe peut ignorer à de si croustillants spectacles ?
Un mal ne venant jamais seul, le vieillissement doublé de l’encombrement de l’environnement de Djignabo constituent les deux éléments de ce qu’il convient d’appeler « une triptyque difficultueuse » du Lycée Djignabo ; le troisième élément étant la surpopulation. Depuis plusieurs années, les effectifs de Djignabo n’ont pas cessé de croître : 4989 élèves en 2006/2007. Côté structures il n’y a pas eu d’évolutions significatives. Certes les anciens dortoirs des élèves – du temps du régime de l’internat- ont été transformés en salles de classe, y compris les cuisines et les réfectoires.
De plus, deux nouvelles salles de classe ont été construites grâce au concours du Ministère. Au total le lycée compte 66 classes physiques alors qu’il y avait 74 classes pédagogiques. Conséquence : 8 classes nomades et des effectifs pléthoriques : 50 à 70 élèves par classe !!! Quid de l’infirmerie ? Alors que les anciens de Djignabo ont en mémoire l’emblématique « Docteur Diémé » infirmier jusqu’à la fin des années 80, avec une infirmerie qui inspirait confiance aux malades, aujourd’hui les élèves la désertent ; non pas parce qu’ils ne sont pas malades, mais parce que, disent-ils, « il n’y a que des aspirines et autres calmants comme médicaments ».
Ce tableau sombre est certainement un cri de cœur en faveur d’une mobilisation de toutes les bonnes volontés pour que le lycée retrouve un lustre minimum. Il est prouvé qu’un environnement sain incite au travail de même qu’il adoucit les cœurs. A ce sujet il est à craindre que – si rien n’est fait – l’indiscipline et l’incivisme qui prennent de l’ampleur plongent le Lycée Djignabo dans une atmosphère de violence. Je viens par le biais de ce site Internet, dont l’une des vocation est de « fédérer les anciens de Djignabo » , lancer un appel ce dont le cœur bat pour cet établissement. Trouvons une réponse à cette question : « que faire pour réhabiliter Djignabo ? » Réponse :